Luang Prabang

In memory

Pierrot ZANY, le frère de mon grand-père Maurice, était matelot dans la Marine Nationale. Il a servi en Indochine et n’en est jamais revenu. Grâce à internet, j’ai pu retrouver un compagnon d’armes qui m’a raconté sa disparition. En voici le récit. Merci Mr Dinasquet.

« Le 30 octobre nous avions fait escale à Haiphong pour nous ravitailler.

Le 31, le typhon était déjà annoncé, nous avons appareillé malgré tout. A la sortie de la baie d’Along tout allait bien, nous avions la lame au cul. La partie de l’équipage qui n’était pas de quart était couché car il était très pénible de rester debout avec le roulis.

Vers 10 heures le bateau s’est couché et tout le monde s’est retrouvé éjecter des couchettes. Nous sommes montés vers la passerelle voir ce qui se passait en passant par l’intérieur. Nous avons su que le bateau avait « engagé » c’est-à-dire qu’allant presque à la même vitesse que la houle nous nous sommes retrouvés à un moment le cul sur la crête d’une vague et l’avant cherchant à s’enfoncer, ne le pouvant pas le bateau s’est couché.

Nous devions toucher notre solde ce jour là, l’officier en second qui devait nous payer nous a demandé si on voulait bien retarder à cause de la météo.

C’est là que mon ami Zany s’est proposé d’aller prévenir la partie de l’équipage qui était enfermé dans la cafétéria que la paie était annulée. Nous ne l’avons plus revu, il a disparu au cours du trajet. Nous avons réussi à faire demi-tour de justesse en jouant en même temps sur les moteurs et sur la barre. J’ai rejoint mon radar, cherchant désespérément une terre, ce n’est que vers 17 heures que j’ai aperçu 2 petites îles, j’ai réussi à faire passer le bateau entre les 2 en renseignant la passerelle intérieure (celle de l’extérieur était inutilisable depuis le matin.)

Enfin vers 20 heures nous avons pu nous mettre à l’abri dans la baie d’Along. La route que nous avions faite en une heure le matin il nous a fallu plus de 10 heures pour la faire en sens inverse, évidemment sans boire et sans manger. Nous avons alors pu ouvrir la porte étanche et le premier qui est sorti nous a crié « tout a disparu du pont ». en effet il n’y avait plus rien, plus de filières, plus canot de sauvetage, plus de canot, plus d’antenne radio. Dès que cela a été possible nous avons fait l’appel, hélas il manquait Zany.

Le lendemain nous avons appareillé pour le rechercher, nous avons patrouillé toute la journée sans résultat. Nous n’avions d’ailleurs pas d’espoir étant donné l’état de la mer. Voilà cher ami le récit de la journée la plus triste de ma vie et qui a coûté la vie à votre oncle, j’ai dû l’interrompre plusieurs fois tellement j’ai pleuré. »

Jean-Louis DINASQUET


Maurice ZANY, mon grand père, ce héros.

Décédé le 16 juin 1986,

Voici quelques photos de sa période militaire. Galerie